Suite à une observation établie par une étude, plus de 95% de la population du Cameroun ne fréquente pratiquement pas les centres de santé. C’est ainsi que le tout premier centre de santé mobile connecté est installé au pays grâce à l’association « Santé Espoir Afrique », présidée par le cardiologue Guy Weladji, qui lance également une campagne de sensibilisation du 11 au 15 décembre prochain dans trois villes de la région, à savoir Dimako, Batouri, et Mbang.
UNE INITIATIVE ACCESSIBLE À TOUS.
Cette campagne de soins initiée par l’ONG est accessible à tout citoyen désirant se faire dépister. Elle est principalement centrée sur le traitement des pathologies, notamment le diabète et l’obésité.
« C’est une campagne qui évoluera en totale synergie avec les centres de santé locaux, non seulement pour maintenir un cap avec ces derniers, mais aussi pour louer l’action des populations qui ont initié cette campagne », a laissé entendre Guy Weladji.
Apparue en 2018, Espoir Santé Afrique (ESA) regroupe un grand nombre de professionnels de la santé, tels que des pharmaciens, des médecins, des experts en santé publique, universitaires membres de la société civile, tous engagés dans le souci de limiter les risques de décès par accidents cardiovasculaires, le tout en tant que bénévoles.
En relation permanente avec les médecins locaux, ESA mène en permanence des campagnes de sensibilisation dans des zones où règne la pauvreté, une absence d’assistance médicale, notamment des zones rurales et semi-urbaines.
Avec la mise en place d’un centre de santé multifonctions dans la capitale économique Douala, l’association s’est dotée d’un camion médical afin de pouvoir se rendre dans toutes les zones du pays, comme c’est le cas de la région de l’Est et toutes les autres régions qui ont une difficulté d’accès.
« Après notre passage dans la région de l’Est, nous établirons un budget bien défini pour permettre aux professionnels de la santé d’exercer leurs fonctions sans encombrement, et également pour l’achat des médicaments contre les pathologies cibles », a confié Guy Weladji.
UNE RÉGION PEU TOUCHÉE PAR L’AIDE MÉDICALE.
Avec une population qui avoisine les 1 million et demi, selon la délégation régionale de santé de l’Est, et malgré la mise en place d’un certain nombre de sites de santé dans la région, notamment 52, les populations de la région de l’Est n’ont pas un accès permanent à l’assistance médicale.
En outre, selon une étude effectuée par datacameroon.com, publiée en mars dernier, l’on constate que cette insuffisance en ce qui concerne l’offre médicale est due aux mauvaises conditions de vie, à l’insécurité qui gangrène la région, et à une instabilité du personnel de santé.
« Le mauvais état des routes est l’une des principales causes. Faute de pouvoir se trouver un moyen de transport adéquat (Taxi, moto), les malades sont transportés dans des brouettes, des civières peu conventionnelles, causant la mort d’un bon nombre d’entre eux avant d’arriver à l’hôpital », a confié un chef traditionnel de la région de Kadey à datacameroon.
En plus de cela, on observe une insécurité tout le long de la frontière avec la Centrafrique, ce qui pose un gros problème pour les déplacements, ajouté à cela, un manque d’infrastructures vitales, notamment des logements adéquats, de l’eau potable, de l’électricité, etc, nécessaires dans l’exercice des fonctions des professionnels de la santé de la région.
Par ailleurs, l’on constate pourtant que la région est dotée d’un bon nombre de sites médicaux, notamment 167 aires de santé, 15 districts sanitaires, près de 15 hôpitaux, 29 centres médicaux de district, 146 centres de santé intégrés et 1 hôpital régional.
Et d’après un rapport de l’OMS, paru en 2018/2019, ce phénomène de non-assistance médicale rencontré pratiquement sur tout le territoire camerounais est dû à une absence de politique de financement approprié du secteur médical, la principale source de revenus provenant des ménages.
Lors d’une conférence sur le bilan du système de santé publique menée en décembre 2022, le ministre de la santé Manaouda Malachie avait pourtant déclaré : « Nous voulons bâtir un système avec la participation de tout le monde, un dispositif sanitaire robuste et résilient », mais aujourd’hui, l’impossibilité des populations à atteindre avec aisance leur centre sanitaire reste toujours un problème à résoudre parmi tant d’autres.
L’action de ESA vient étayer ce manquement qui, dans les jours à venir, espérons-le, pourra interpeller l’action gouvernementale à plus de sérieux en ce qui concerne le secteur sanitaire et apporter une véritable assistance aux populations.