Les travailleurs dénonçaient notamment certaines pratiques managériales de la direction, parmi lesquelles le non-paiement des arriérés de salaires.
Un bilan lourd.
La révolte a tourné au drame. D’après le gouverneur de la région du Centre, Naseri Paul Béa, les émeutes ont causé la mort d’un civil et blessé un autre. Du côté des forces de l’ordre, on dénombre dix blessés, dont deux graves.
La circulation sur la route nationale numéro 1 a été perturbée, et plusieurs édifices publics ont été vandalisés. En outre, 150 hectares de plantations ont été détruits et des écoles ont dû fermer leurs portes. Une situation critique qui a plongé toute la ville de Nkoteng dans un climat de tension. Les forces de maintien de l’ordre ont eu du mal à contenir les manifestations.
Un retour progressif au calme.
Dès le lendemain, la situation a commencé à se stabiliser. Une réunion s’est tenue le mercredi 5 février entre les autorités administratives, les chefs de communauté et les autres parties prenantes afin de mettre un terme aux troubles dans cet arrondissement du département de la Haute-Sanaga, région du Centre.
Pour rétablir l’ordre, des mesures ont été mises en place, notamment la fermeture des débits de boissons traditionnelles et la reprise de la circulation sur la route nationale numéro 1.
Violation des droits des travailleurs : L’Union européenne alertée.
Dans une correspondance adressée le 5 février 2025 au commissaire en charge du commerce et de la sécurité économique de la Commission européenne, Marcos Sefcovič, la députée de l’Union Européenne (UE), Marina Mesure, a alerté l’instance (UE) en déplorant une obstruction des droits de l’homme et par ricochet des travailleurs.
Elle a mis en avant la répression meurtrière qui a bouleversé la vie des citoyens de Nkoteng. Se basant sur le rapport du Syndicat des travailleurs saisonniers de la filière canne à sucre du 1er mai 2023, elle a souligné l’existence d’une répression syndicale structurelle de la part de la direction de l’entreprise, en violation totale et manifeste des droits de l’Homme, en particulier des libertés syndicales garanties par les textes internationaux.
La correspondance a accusé, en plus de la direction de l’entreprise, les autorités administratives locales d’être responsables de cette répression meurtrière.
Dans le cadre de l’application des Accords de partenariat économique (APE) entre le Cameroun et la France, et en tenant compte des valeurs fondamentales de l’Union européenne, dont le respect des droits humains, la Commission européenne est appelée à intégrer cette question dans ses relations commerciales avec le Cameroun.
Le fait que la Sosucam soit une filiale du groupe français Somdiaa, spécialisé dans les produits alimentaires, mérite également une attention particulière. La France étant un pays membre de l’Union européenne, quelles mesures seront prises par ce pays qui se veut respectueux des droits de l’Homme, à l’endroit du groupe Somdiaa ?