La célébration d’une telle journée sur le sol camerounais a toujours été un moment bénéfique pour les apprenants, surtout ceux de cette année car, la philosophie selon le nouveau système éducatif du pays, est introduit dès la classe de seconde A. Que retenir de ce thème ? Quelle était l’ambiance dans certains établissements ?
La philosophie une notion à sens pluriel.
“Pour un départ, il faut dire que la philosophie a un sens pluriel. Mais celui qu’on peut facilement retenir ici est celui de la philosophie comme amour à la critique sans complaisance. Quant à l’émergence, il s’agit d’un mouvement qui consiste à se libérer de l’immersion. Au plus on dira que l’émergence est le fait de traverser une étape”, explique ATOU BEYENE,
Doctorant en philosophie, spécialiste de l’histoire de la philosophie et de la philosophie africaine.
La philosophie, un point de départ à l’émergence.
“Chez les Egyptiens antiques, l’émergence se comprenait comme la philosophie de la création, cette option a grandi et a traversé plusieurs périodes de l’histoire. Pendant la période moderne, l’émergence a changé de signification, elle est comprise comme la philosophie de la création et l’action transformatrice, notamment avec Karl Marx. Cette nouvelle influence s’est enracinée jusqu’à féconder les progrès scientifiques et techniques”, enrichi ATOU BEYENE.
Une potentielle solution pour l’émergence.
“En tant qu’Africain, Towa a milité pour le transfert de la compétence à la création transformatrice de l’Afrique, une création qui doit nous libérer de la nécessité du besoin. Il s’agissait d’une invitation à sortir du passé ancestral, à la destruction des idoles, l’Afrique doit donc se rajeunir avec le principe de l’ouverture à la liberté et raison créatrices. Jusqu’ici on note la double contribution de la philosophie dans le processus de l’émergence, d’une part, la pensée avec son interprétation et d’autre part, la construction de la réalité, l’émergence connait peut-être un mouvement de séparation, mais c’est l’émergence”, poursuit-il.
Quelle posture à adopter pour réellement parler de l’émergence ?
“Nous sommes dans le vécu du postmodernisme, période pendant laquelle il n’est plus nécessaire pour la philosophie de séparer les compétences, les performances et les exigences du savoir. Clairement, nous disons, qu’à partir du réalisme transcendantal, la philosophie doit s’unir à la science, la technique, la religion, la tradition, la culture, l’axiologie pour penser et concrétiser l’émergence. Il s’agit aujourd’hui de s’adosser sur le principe de l’épistémologie complémentaire, critère par excellence où il est d’une nécessité de montrer qu’il n’y a pas d’ultrasavoir, qu’il n’y a pas d’hyposavoir, quelques soient le domaine ou la forme du savoir, tous les savoirs sont égalitaires et ont chacun un côté positif qu’il faut juste saisir et exploiter pour la contribution à l’émergence de notre pays, Afrique et du Monde”, conclut ATOU BEYENE sur la thématique de la 21ème édition de cette journée.
Un message à la jeunesse appelée à réaliser cette émergence.
“Les jeunes doivent être tout d’abord visionnaires, ensuite des acteurs doubles à la pensée et à l’action créatrices. La pensée va donner une signification (la théorie) et l’action (la pratique) à leur propre émergence et celle de l’État. Ceci permet de dire pour une Afrique émergente, les jeunes doivent prendre la distance avec l’alcool, la drogue, la vie facile (le vol, le banditisme, le braquage etc) l’adhésion dans les lieux exotériques pour s’emparer d’une richesse rapide. Le travail comme exercice de la pensée et de l’action est ce qui fait la mesure de l’émergence, les jeunes doivent donc s’intéresser au travail et aux valeurs éthico-axiologiques, qui, non seulement, cela leur permettra de défendre avec amour leur dignité, mais aussi d’améliorer leur condition de vie, sans démesure sur l’avenir de l’humanité”, déclare ATOU BEYENE.
L’ambiance dans certains établissements de la ville de Yaoundé.
Au Lycée de Nkolondom tout comme au collège privé laïc MVOM-NNAM, cette journée a été meublée par l’exécution de l’hymne national et celle de la philosophie, des danses, des sketchs, des interprétations, le match des incollables pour tester le niveau des apprenants, un débat et un buffet pour clôturer cette longue journée mouvementée.
Au collège privé laïc MVOM-NNAM, l’innovation de cette année était au niveau du débat, car les élèves ont été appelés à mener la danse, exposer et défendre des thèses face à des spécialistes, leurs enseignants et camarades.
De quoi donner une orientation particulière à cette 21ème célébration de la journée mondiale de la philosophie sur le territoire camerounais. Cette édition restera dans les annales, maintenant place aux préparatifs de la 22ème édition dont le rendez-vous sera pris entre octobre et novembre 2023.