Le rayonnant milieu de terrain camerounais s’est illustré comme une véritable plaque tournante, un guide sur la voix pour ce titre de champion de Série A.
Le contraste.
Zambo Anguissa n’est décidément plus le même joueur. Le gamin de 20 ans qui des années plutôt venait de débarquer à l’Olympique de Marseille inexpérimenté, est devenu un joueur de 27 ans, avec un cuir plus épais, une technique plus sûre et fine, un gabarit imposant et un regard fixe et plus haut. Il est devenu un leader, un vrai dans tous les sens du terme, dans le club italien de Naples.
L’international camerounais est désormais champion d’Italie avec le club Napolitain. Un club qui a construit (et vice-versa) la légende de Diego Maradona en Europe. Il n’a pratiquement raté aucun match avec le Napoli cette saison. Il a été un des guides suprêmes vers le titre (scudétto).
Stade de Reims, le début d’un parcours européen.
Nous sommes loin de ses premiers jours en Europe et ses premiers pas au Stade de Reims. Car c’est là que tout a commencé.
Premier coup dur pour Zambo Anguissa.
« Au début, comme tout jeune africain qui quitte son pays, et qui arrive dans un nouveau pays, c’est impressionnant. Il est arrivé dans un club qui avait une histoire, mais il avait beaucoup d’ambition, et beaucoup de qualité. Doué, mais pas assez cependant aux yeux des dirigeants rémois qui décident de ne pas garder le gamin de Yaoundé », nous confie l’ex international camerounais Benjamin Moukandjo.
« C’est un Camerounais comme moi. On avait le même agent, et, j’avais un rôle important à jouer à ce moment-là. Pour lui permettre de se sentir mieux, de ne pas dramatiser, j’ai essayé d’être là. Cela passait par les discussions, des week-ends à la maison pour lui changer les idées. »
Alors, non conservé par Reims, le produit de Coton Sport de Garoua, tente le rebond à Valenciennes avec un essai. Mais c’est le geant club de l’Olympique de Marseille, qui l’avait déjà repéré au Cameroun. C’est ainsi que les dirigeants de Marseille décroche la signature de celui qui était encore vu comme un diamant brut.
L’école européenne.
Dans les rangs de Marseille, pendant trois années, culminant plus de 100 matches ; il s’acclimate au football européen et progresse vite. Malheureusement cela ne saute pas aux yeux des supporters marseillais qui garderont en mémoire l’image de son mauvais contrôle en finale de la Ligue Europa face à l’Atlético Madrid ayant permit l’ouverture du score.
En dépit de cela, l’Indomptable gravit les marches une par une. Il finit par faire parler de lui hors de la France, lors de son transfert à Fulham pour 25 millions d’euros.
Une affaire en or pour l’OM pensent certains, une erreur pour le club anglais, estiment d’autres, pensant que les Londoniens ont surpayé la transaction.
Le Camerounais découvre un nouvel environnement. De manière attentive et appliquée, il absorbe les réalités du foot anglais et confirme ses prédispositions de joueur « box to box ». Un an après, il est prêté au club espagnol de Villarreal. Il se montre parfait et avec sa technique, il apprend encore beaucoup de nouvelles choses dans cette Liga où on aime sortir proprement le ballon.
Odyssée italienne.
Comme pour boucler son cursus et sa transformation, Zambo Anguissa atterrit en Italie, pays de la science tactique, en signant à Naples. Complet et fort de ses expériences dans quatre des cinq grands championnats européens, Anguissa n’est pas loin de la définition même du milieu moderne.
“En bon élève, il a su apprendre et retenir beaucoup de choses dans les championnats où il est passé. Aujourd’hui, quand il me parle de la science tactique de son entraîneur, Luciano Spalletti, il a les yeux qui brillent. Zambo a énormément progressé dans tous les domaines, il se met même à marquer des buts maintenant”, déclare Moukandjo.
L’équipe nationale, un autre monde.
Le seul petit bémol quant à son énorme progression pourrait être son influence en équipe nationale du Cameroun. Le natif de Yaoundé est certes aujourd’hui un cadre chez les Lions Indomptables, mais il semble lui manquer quelque chose pour passer au « grade » de leader parmi les hommes de Rigobert Song.
Car chez les Camerounais, Zambo n’est pas encore celui par qui tous les ballons passent, celui qui donne le ton à l’équipe.
« C’est un peu normal, avoue Benjamin Moukandjo, ancien capitaine des Lions Indomptables. Il n’est pas utilisé de la même manière en club qu’en sélection. À Naples, c’est un relayeur qui peut se projeter. Au Cameroun, il peut jouer en sentinelle, relayeur ou avec un autre milieu défensif dans un système à plat », ajoute Moukandjo.
« Il doit être un leader, il sait qu’il doit être un leader de par son statut, de par le club dans lequel il joue. Par ce qu’il représente, il ne peut qu’être un leader. Il a encore des choses à prouver en sélection. Ce qu’il fait, ce n’est déjà pas mal, mais il peut encore faire plus », conclu t-il.
Désormais c’est un titre de champion d’Italie que Zambo Anguissa brandit. Aussi il a tout pour prendre encore du galon en sélection. Car comme on le dit au Cameroun, “la victoire d’un Camerounais est pour tout le Cameroun”.