Une victime flouée de 13,6 millions de FCFA
Les deux Camerounais, Armand Willy Asse (52 ans) et Nanga Onguene Xavier (35 ans), sont accusés d’avoir escroqué un homme de 41 ans originaire de la province de Ninh Bình, au Vietnam. La victime, attirée par une proposition d’investissement dans la distribution de perles, a perdu 548 millions de dôngs, soit environ 13,6 millions de FCFA.
Les deux hommes, se faisant passer pour des investisseurs crédibles, ont convaincu leur cible qu’ils détenaient une grande quantité de billets de dollars américains “teints en noir” pour faciliter leur transport à travers les douanes.
Le stratagème : l’arnaque aux “dollars noirs”
Le mode opératoire des suspects repose sur une technique bien connue dans les milieux de l’escroquerie internationale : les “dollars noirs”. Selon leur récit, les billets de banque étaient en réalité authentiques mais avaient été recouverts d’une substance noire pour être indétectables lors des contrôles douaniers.
Pour “restaurer” ces billets, ils demandaient à la victime de fournir une somme importante en monnaie locale, prétendument pour acheter un produit chimique spécial et activer une machine capable de “nettoyer” les billets. En réalité, cette machine n’était qu’un appareil ordinaire – dans ce cas précis, une simple machine à cirer les chaussures modifiée.
Armand Willy Asse : un activiste controversé sur Facebook
L’affaire prend une tournure inattendue avec la découverte des activités en ligne d’Armand Willy Asse. Sur Facebook, il est connu sous l’identifiant @nanga.ndzana, où il se présente comme “défenseur des droits de l’homme et des enfants”.
Armand Willy Asse se décrit également comme un activiste militant pour une cession sud-centre-est du Cameroun, affichant ouvertement des positions politiques controversées. Cette double identité – d’un côté activiste humanitaire, de l’autre escroc international – jette une lumière troublante sur ses véritables intentions.
Un parallèle avec Donatien Koagne, le “roi des feymen”
L’affaire actuelle rappelle l’histoire tristement célèbre de Donatien Koagne, un escroc camerounais des années 1990. Utilisant des stratagèmes similaires, Koagne avait convaincu ses victimes qu’il pouvait “multiplier” leurs billets grâce à une méthode chimique.
Comme Armand Willy Asse et Nanga Onguene Xavier, Koagne s’appuyait sur son charisme et des mises en scène élaborées pour gagner la confiance de ses cibles, parmi lesquelles figuraient des dirigeants influents comme Mobutu Sese Seko et Blaise Compaoré.
Après son arrestation au Yémen en 1995, Donatien Koagne a été emprisonné dans des conditions inhumaines et est mort en détention en 2010.
Une leçon pour l’avenir
Cette affaire soulève des questions cruciales sur la vigilance face aux escroqueries financières et sur les contradictions que peuvent incarner certaines figures publiques.
Quant à Armand Willy Asse et Nanga Onguene Xavier, ils risquent désormais de subir les mêmes conséquences que leur prédécesseur, Donatien Koagne. Leur histoire met en évidence la nécessité d’un système judiciaire équitable tout en rappelant l’importance de ne pas se laisser berner par des promesses trop belles pour être vraies.
Si les actes des deux Camerounais ont causé des pertes considérables, leur parcours montre aussi à quel point les apparences peuvent être trompeuses. Le mélange entre activisme public et activités frauduleuses souligne les dangers d’une confiance mal placée.